Des vies sauvées par l’interdiction des gras trans.

Publié le 8 Mai 2017

 

Une étude récente montre que l’interdiction des gras trans dans les restaurants de la région de New York s’est traduite par une diminution significative des hospitalisations causées par les infarctus du myocarde et des AVC. Bannir les gras trans peut donc réellement sauver des vies et il est à souhaiter que le gouvernement canadien aille de l’avant avec son projet d’éliminer complètement ces graisses toxiques de notre alimentation.

 

Les gras trans sont des matières grasses utilisées à grande échelle par l’industrie alimentaire pour la fabrication de plusieurs produits alimentaires, en particulier les ­fritures, les pâtisseries (gâteaux, croissants, muffins, beignes) et les margarines dures. Ces graisses synthétiques sont produites par hydrogénation partielle, un ­procédé industriel qui modifie la structure des huiles végétales ­liquides et les transforme à un état solide ou semi-solide. Cette ­transformation rend les gras très stables, ce qui permet d’aug­menter la durée de conservation des aliments, tout en leur donnant un goût et une texture agréables.

Au fil des années, il est cependant apparu que la consommation d’aliments contenant ces gras trans était mauvaise pour la santé, notamment en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires. ­Plusieurs études ont en effet ­montré que les personnes qui consommaient régulièrement des aliments contenant ces gras trans avaient un risque plus élevé ­d’infarctus du myocarde, d’AVC ainsi que de mort cardiaque ­subite1.

Ceci est d’autant plus préoccupant que cette toxicité s’exprime même à des doses très faibles: ­l’ingestion de seulement 2 à 7 g de gras trans, ce qui correspond à seulement 1-3 % des calories ­totales, est associée à une hausse de 25 % du risque de maladies ­coronariennes. Dans le cas des gras trans industriels, la ­recherche est unanime et il n’y a aucune ambiguïté: ces substances sont hautement toxiques et ­doivent absolument être éliminées de l’alimentation.

 

 

Bannir les gras trans

 

 

Le 1er juillet 2007, la Ville de New York a été la première grande ­agglomération nord-américaine à bannir l’utilisation des gras trans dans les restaurants de son ­territoire. Cette restriction a été ­étendue à d’autres comtés de l’État de New York au cours des années suivantes, soit de 2008 à 2011, et touche actuellement 11 comtés sur un total de 36. Cette région constitue donc un laboratoire social pour comparer directement l’incidence de maladies cardiovasculaires affectant­­ les habitants vivant dans les 11 comtés qui ont éliminé les gras trans de la restauration avec ceux vivant dans les 25 comtés qui n’ont pas imposé cette restriction.

Les résultats obtenus sont sans équivoque: en analysant les ­données recueillies par le Département de la santé de l’État de New York, les chercheurs ont remarqué que les hospitalisations en raison d’un événement cardiovasculaire avaient diminué plus rapidement dans les comtés où les gras trans avaient été bannis.

Concrètement, ils ont calculé que les habitants de ces comtés avaient une incidence d’infarctus du ­myocarde diminuée de 7,8 % et une incidence d’AVC diminuée de 3,6 % comparativement à ceux vivant dans les comtés qui n’avaient pas banni les gras trans. Cet impact ­positif associé à l’interdiction des gras trans est observé à peine trois ans après l’application de la ­législation, ce qui montre à quel point la réduction de l’exposition à ces gras peut améliorer rapidement la santé de la population.

Ces résultats sont d’autant plus encourageants que l’interdiction des gras trans ne touchait que la restauration, et non les produits ­industriels vendus en épicerie, qui peuvent en contenir des quantités importantes.

Avec la décision de la Food and Drug Administration (FDA) américaine d’éliminer complètement les huiles partiellement hydrogénées de tous les produits alimentaires dès l’an prochain, on peut prévoir que cette diminution de l’incidence des maladies cardiovasculaires sera encore plus importante au cours des prochaines années.

On peut donc espérer que le gouvernement canadien empruntera lui aussi cette voie et mettra enfin en application son projet de bannir les gras trans de notre alimentation. Des milliers de vies sont en jeu et il est plus que temps d’agir.

 


1. Mozaffarian D et coll. Trans fatty acids and cardiovascular disease. N Engl J Med. 2006; 354: 1601-1613.

2. Brandt EJ et coll. Hospital admissions for myocardial infarction and stroke before and after the trans-fatty acid restrictions in NewYork. JAMA Cardiol. , publié en ligne le 12 avril 2017.

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #santé

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